L’urgence d’accélérer fortement la rénovation thermique des logements et bâtiments professionnels ne fait normalement plus débat. Cela doit permettre à la fois de créer de nombreux emplois, de réduire fortement la dépendance de notre pays aux énergies fossiles et réduire nos besoins d’électricité, surtout en pic hivernal, d’améliorer fortement la qualité de vie et le pouvoir d’achat des personnes qui vivent actuellement dans des passoires énergétiques. La difficulté est de savoir comment financer ces énormes chantiers et trouver les matériaux et les artisans en quantité suffisante pour que nous avancions assez vite par rapport aux enjeux sociaux et climatiques.

 

Actuellement les mesures publiques d’aide à la rénovation thermique des logements pour les particuliers passent par le mécanisme de subvention Maprimerenov et des crédit d’impôts. Le problème de ces mesures est la lourdeur administrative à leur mobilisation, et le reste à charge qui peut-être important en cas de rénovation complète. Mais ce dispositif est difficile à mobiliser dans les logements collectifs, immeubles en copropriété. Et rien n’existe pour les bâtiments publics et professionnels.

 

Enfin ce système de subvention public pèse logiquement beaucoup sur le budget de l’état et peut avoir un effet pervers sur les coûts des chantiers. Quand un artisan sait que le client peut bénéficier d’aides publiques il peut avoir tendance à gonfler un peu ses devis.

 

La dernière limite de ces dispositifs d’aide est d’être obligé de passer par des professionnels agréés pour les chantiers. En soi le fait de mobiliser des professionnels compétents est plutôt intéressant. La difficulté est que devant l’ampleur des chantiers et l’urgence d’avancer vite nous manquons de professionnels. Du coup les délais s’allongent et les gens s’enfoncent dans la précarité énergétique et la pauvreté.

 

Devant ces constats quelle alternative peut on proposer pour simplifier l’accompagnement financier de ces chantiers de rénovation globale des bâtiments ?

 

La mesure qui me semble la plus pertinente serait de confier à la banque public d’investissement (BPI) le financement des chantiers au travers de prêts de transition qui seraient à taux très faibles, par exemple 0,2 % le peu d’intérêt servant juste à couvrir les frais de fonctionnement de la BPI, et sur des durées assez longues permettant de mobiliser des moyens pour faire les rénovations globales qui seules garantiront la performance énergétique et des économies significatives pour le budget des ménages.

 

Actuellement la BPI est principalement utilisée pour les entreprises. Il faudrait donc donner aux collectivités locales et aux copropriétés le droit de la solliciter pour l’accès à ces prêts de transition. Pour ce qui est des copropriétés se seront elles même qui emprunteront, et non pas les copropriétaires de manière individuelle. Le fait que les copropriétaires doivent eux même emprunter comme actuellement est en effet un fort frein à la mise en œuvre des chantiers de rénovations en immeuble. Si quelques uns des copropriétaires sont trop justes pour accéder aux prêts bancaires classiques, ça bloque l’ensemble du dispositif.